Wimbledon et le Tour de France, où l’art d’encaisser en silence

Un gazon sans logo qui pèse 500 M€, un ruban d’asphalte gratuit qui brasse 200 M€ : Wimbledon vend la rareté, le Tour la foule. Dix partenaires triés côté Londres, douze millions de spectateurs côté France. Deux recettes opposées, même morale : moins on affiche, plus on peut encaisser.

Kopa
4 min ⋅ 11/07/2025

📌 Épisode 29 du Kopa Club

Cette semaine, le sport passe du gazon tiré au cordeau au bitume brûlant. Wimbledon joue l’élégance pure, le Tour la démesure populaire, et la Ligue 1 lance sa propre chaîne pour reprendre la main. Une même quête : redevenir irrésistible.

🎾 Henri dissèque Wimbledon : zéro logo sur le court, mais près de 500 M€ encaissés en quinze jours. Rareté, prestige, partenaires triés sur le volet : le silence publicitaire paie.

🚴‍♂️ Hugo démonte le business du Tour de France : 200 M€ de revenus, douze millions de fans au bord des routes et des équipes qui vivent au rythme de sponsors volatils.

🖼 L’image de la semaine : Les premières skateuses d’Irak font leur apparition. Deux sessions par mois, un skatepark tout neuf, et déjà des fillettes qui veulent rider. La révolution tient sur quatre roues !

📈 Le chiffre de la semaine : un nouvel abonnement qui promet huit matches sur neuf et deux écrans simultanés. De quoi redorer le blason de la Ligue 1… si le public mord à l’hameçon.

Bagdad roule au féminin

Elles s’appellent Nur, Ishtar, Hanan : planche sous le bras, rouge à lèvres en option, détermination obligatoire. Première communauté de skateuses en Irak, elles slaloment entre klaxons et regards lourds pour rappeler que la rue est à tout le monde. Deux sorties par mois, un skatepark tout neuf, et déjà des petites filles qui veulent essayer. À Bagdad, le trick n’est plus réservé aux garçons ; la révolution tient désormais sur quatre petites roues.

Encore une fois, le compte Instagram vaut le détour → https://www.instagram.com/baghdadskategirls/

Wimbledon : zéro logo, plein les caisses

Qui a déjà remarqué qu’à Wimbledon, pas une bâche n’interrompt le vert ? Pas de BNP Paribas, pas de Renault, pas même une gourde siglée. À Roland-Garros, le panneau Engie clignote à chaque jeu décisif ; à Londres, du blanc, du gazon et du champagne. Deux philosophies qui marchent. Mais pas pour les mêmes raisons.

Roland-Garros vend la surface : une quinzaine de sponsors majeurs, naming sur les courts, plus d’un million de visiteurs, spots télé en rafale. Résultat : 346 M€ de chiffre d’affaires en 2024. Très efficace, moins subtil.

Wimbledon joue la rareté. Moins on voit de logos, plus tout vaut cher. Encore faut-il que ça fasse sens financièrement. Spoiler alert : c’est le cas. BBC verse 62 M£ par an, ESPN autour de 60 M$, pour diffuser un décor visuellement “pur” dans 190 pays. À cela s’ajoutent dix partenaires triés sur le volet : Rolex, Slazenger, Ralph Lauren, IBM… Ticket d’entrée estimé à 20 M€. IBM, en plus de payer, alimente la tech maison : Match Chat, Win Predictor, stats IA. Pas de pancartes, mais 14 millions de pages vues complémentaires.

Dans la même logique, le retail suit : collection Ralph Lauren, polos Harvie & Hudson, mugs vert-violet. Effet tenniscore : +54 % de ventes en 2024. Le tournoi vend aussi bien le souvenir que le billet.

La marque protège jalousement son image : le duo vert-violet est déposé comme les semelles Louboutin. Seuls dix partenaires peuvent apparaître sur les supports officiels, jamais sur les courts. Plus c’est rare, plus c’est désirable ; plus c’est désirable, plus c’est… rentable. L’exclusivité agit comme un multiplicateur de valeur.

Bilan : près de 500 M€ de revenus en deux semaines. Sans tapisserie de logos, Wimbledon reste la référence chic ; ses partenaires jouissent d’un privilège payant, et la caisse se remplit en silence.

En clair, Londres vend de l’exclusif quand Paris vend du volume. Les deux gagnent, mais pas de la même manière. Roland-Garros maximise l’espace ; Wimbledon maximise la rareté. Dans un monde saturé de pubs, l’herbe la plus calme est parfois la plus rentable.

Henri


14,99€

C’est le prix mensuel (avec engagement) de Ligue 1+, la nouvelle plateforme 100 % championnat de France, produite par Mediawan et pilotée par la LFP. Pour ce prix, les fans obtiennent 8 matches sur 9 chaque week-end, deux écrans simultanés dans le même foyer et, surtout, le signal que la Ligue reprend enfin la main. Objectif : soigner l’image, contrôler la narration et faire de Ligue 1+ un vrai média premium. Tout est calibré pour remonter le niveau de jeu… et la courbe des revenus.

Le Tour vaut-il plus que ses coureurs ?

Chaque mois de juillet, la France se transforme en arène sans murs : un ruban d’asphalte de 3 500 km, des virages nommés d’après des légendes, et 12 millions de supporteurs compressés entre une barrière et le ciel. Le Tour, c’est la seule compétition où l’on applaudit gratuitement, où la montagne fait office de tribune, où un bidon lancé vaut un autographe. Poésie populaire, oui ; mais orchestre parfaitement réglé. Reste à comprendre qui paie la musique.

Comment finance-t-on une course suivie gratuitement depuis un canapé ou un bas-côté ? Tout commence par l’écran. France Télévisions aligne près de 25 M€ par an pour diffuser trois semaines de route et de sueur dans 190 pays. Viennent ensuite les sponsors : Skoda, LCL, Vittel, Continental… chacun glisse quelques millions pour que son logo défile sur les maillots, les voitures ou l’arche d’arrivée. Les villes-étapes complètent le budget : ; elles paient leur ticket d’entrée et misent sur les retombées touristiques. Le Tour affiche ainsi près de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, populaire à l’œil, premium en coulisses.

Le modèle s’est bâti dans les années 80, quand les droits TV ont été multipliés par 65 et les nouvelles chaînes privées ont fait grimper les enchères. Résultat : la course vit à l’abri des déficits, tandis que des millions de spectateurs la regardent passer sans sortir un billet.

L’équation change dès qu’on descend du podium. Diriger une équipe WorldTour coûte entre 30 et 50 millions d’euros par saison, moitié pour les salaires. Les plus riches s’appellent UAE Team Emirates (c. 60m€) ou Ineos et roulent grâce à des pétrodollars ou à la grande distribution. Les équipes françaises tournent plutôt autour de 20 millions. Leur carburant : un sponsor nom de façade. Si le mécène s’en va, l’équipe s’éteint, comme Arkéa B&B l’année prochaine. Pas de revenus billetterie, pas de vente de droits TV, peu de merchandising faute d’identité stable. Impossible de bâtir une marque solide quand le nom change tous les trois ans.

Le vainqueur du Tour reçoit 500 000 €, mais il partage avec équipiers, mécanos et soigneurs. Le dernier, lui, emporte 1 000 € pour avoir survécu aux trois semaines. À titre de comparaison, les footballeurs absorbent près de 45 % des revenus de la compétition ; les tennismen, 20 % d’un Grand Chelem. Le cycliste lambda, eux, comptent surtout sur un salaire fixe fragile. Quand Pogacar émarge à c. 8M€.

Plusieurs idées circulent pour équilibrer le système : plafonner les budgets comme en Formule 1, créer un partage partiel des droits TV, ou installer un calendrier plus lisible financé par une ligue commune. Rien n’a encore abouti. L’échec récent du projet One Cycling montre la difficulté de réformer un sport éclaté entre l’UCI, les organisateurs et les équipes. Résultat : l’UCI surveille, les équipes espèrent, les diffuseurs paient, le public acclame.

Le Tour continue donc de rouler sur son paradoxe : gratuit pour le fan au bord de la route, rentable pour ceux qui tiennent la caisse, incertain pour ceux qui pédalent. Jusqu’où peut-on grimper avec un bidon presque vide ?

Hugo

Les Stages et Alternances

🎾 Babolat: Assistant Brand Activation, Stage
Offre
PSG: Social Media, Alternance
Offre
🏟️ Stade Francais: Chef de Projet Marketing, Alternance
Offre
Footbar: Chief of Staff, Stage
Offre

Les CDI et CDD

👟 New Balance: Head of Marketing France, CDI
Offre
🥇 Amaury Media: Directeur de Clientèle / Partenariats, CDI
Offre
🎾 Mouratoglou Academy: Commercial Junior, CDI
Offre
🎾 Anybuddy: Customer Success Manager, CDI
Offre

🎥 Les recos de la Rédac
La canicule s’est calmée et le calendrier sportif tourne au ralenti : parfait pour abattre vos derniers dossiers avant de plier bagage cet été.

🎾 Tennis
Wimbledon
Sinner - Djoko et Fritz - Alcaraz. Télétravail recommandé
📺 Bein Sport, 15h

🚴 Cyclisme
Tour de France
Une étape bretonne taillée pour les puncheurs après un départ historique depuis Saint-Malo.
📺 Cet après-midi, France 3

Bonne séance !

Kopa

Par Kopa Club

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