Cette semaine, on parle IPO avec Strava, et cyclisme en Afrique. Des bancs d'Harvard au Nasdaq, Strava s'est construit autour de la data, de l'égo et des rencontres entre 2 segments. A Kigali, les Mondiaux 2025 ont déplacé le centre de gravité du cyclisme : 1ère en Afrique, dénivelé monstrueux, vitrines de soft power et réalités politiques.
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Cette semaine, on passe du Nasdaq aux Grands Lacs. D’un côté, Strava court l’IPO et transforme nos sorties en data monétisable. De l’autre, Kigali accroche les Mondiaux sur route et expose le cyclisme au miroir du soft power. Deux terrains, même enjeu : qui capte l’attention fabrique la valeur.
📱 Hugo vous explique Strava : de l’appli orange au prospect d’IPO 2026. Motivation, dérives wellness… et quelques rendez-vous après-run.
🇷🇼 Henri vous décrypte le Rwanda : Mondiaux 2025 à Kigali, vitrine inédite pour l’Afrique, dénivelé monstrueux… et le débat qui grince entre image, géopolitique et business du vélo.
🖼 L’image de la semaine : adidas tease le ballon du Mondial 2026… sur la Sphere de Las Vegas. Rendez-vous pendant la nuit pour le rendu final.
📈 Le chiffre de la semaine : le montant évoqué pour un méga-LBO autour d’EA Sports porté par le beau-fils de Trump.
Adidas prend le contrôle de la Sphere à Las Vegas pour teaser le ballon officiel de la Coupe du Monde 2026. La marque aux trois bandes a illuminé l’arène géante de Sin City avec un show retraçant tous les ballons du Mondial depuis 1970, du Telstar original jusqu’à l’Al Rihla de 2022. Une opération de hype XXL à la veille du lancement officiel.
Aucun indice sur le design final, mais il devrait s’inspirer des identités des trois pays hôtes : Canada, Mexique et États-Unis. Rendez-vous le 2 octobre pour découvrir le ballon de la Coupe du Monde 2026.
Rendez vous ici pour voir le teasing complet
Strava veut courir la dernière ligne droite : une introduction en Bourse envisagée début 2026. Pari logique pour la plateforme californienne née en 2009, devenue le réseau social n°1 des sportifs : 150 M d’utilisateurs, 185 pays, une valorisation autour de 2,2 Md$ et un tour de 150 M$ levé au printemps 2025 pour huiler la machine. Le récit plaît aux marchés : sport + social + data. Et, dans l’ordre, c’est exactement Strava.
À l’origine, deux copains d’Harvard, rameurs, veulent recréer le vestiaire en ligne. Un outil simple pour suivre ses sorties vélo, comparer ses efforts, se chambrer proprement. Arrivent les segments (tronçons chronométrés), les KOM/QOM (roi/reine du segment), les PR (records perso) et les kudos (le like maison). Pendant le Covid, la proposition de valeur devient service public : on bouge dehors, on mesure, on partage. Le chiffre d’affaires dépasse 100 M$ en 2020, la croissance 2021 atteint 68 %. Depuis, Strava a verrouillé des partenariats premium (Tour de France, marathons de Londres et New York) et un pont avec l’UTMB World Series pour pousser les étapes dans l’app et nourrir la communauté trail.
Le cœur du produit est une évidence business : la donnée. GPS, fréquence, dénivelé, cadence, sommeil agrégé via devices tiers… L’amateur devient son propre tableau de bord. On peut gloser sur l’ego, mais l’effet est réel : enregistrer ce qu’on fait augmente la satisfaction et la régularité. Et dans une Europe où près de 60 % des +15 ans ne font pas de sport plus d’une fois par semaine (Eurobaromètre 2022), la quantification est parfois une honorable source de motivation.
Reste l’envers wellness, version 2025 : anneaux à remplir coûte que coûte, “wellbeing burnout” (même Lululemon l’écrit), course à la couronne au point de cramer des blocs d’entraînement pour un KOM en descente, et ces “Strava mules” payées pour tricher à votre place en courant avec vos capteurs (le summum du non-sens compétitif : on gagne quoi, exactement ?). La plateforme n’a pas inventé le travers, elle l’expose : quand la mesure donne du sens, certains finissent par chercher le sens surtout dans la mesure.
Côté business, le modèle a mûri : freemium et abonnement, maillage d’événements, deals médias. L’EBITDA n’est pas publiquement détaillé, mais l’IPO suppose une trajectoire de marge crédible : disciplinée sur l’acquisition, agressive sur la valeur ajoutée logicielle (plans, segmentation intelligente, coaching IA), et vigilante sur la privacy. Bonne nouvelle : le marché est vaste (endurance, rando, trail, commute à vélo) et l’usage est collant. Strava n’est pas une app de 30 jours ; c’est une routine.
Et parce que le sport n’est pas qu’un graphe, finissons léger : Strava est aussi une appli de rencontres accidentelle. On se like en kudos, on trash-talk un segment, on finit à l’entraînement du mercredi puis à la pizzeria du coin. L’avantage sur Tinder ? Le socle commun est réel : même côte, même allure, même pluie. Moralité : si l’IPO concrétise le passage à l’âge adulte, Strava reste ce qu’elle a toujours voulu être : un vestiaire numérique où l’on progresse, on se motive, on exagère un peu… et parfois, on rencontre quelqu’un.
Hugo
Chez Kopa, on aime décoder le sport business. Mais parfois, pour comprendre ce qui se joue sur un terrain, il faut aussi lever les yeux : les rivalités géopolitiques, l’économie, l’écologie ou encore la technologie influencent tout autant les règles du jeu.
C'est ce que fait si bien La Guerre des Voisins : un décryptage drôle et limpide des relations internationales depuis la chute du mur de Berlin. Une bande dessinée qui rend enfin digestes (et même fun) les conflits, l’économie, la culture et l’écologie. Validé par des profs et des experts, c’est la dose parfaite pour comprendre le monde… sans avoir l’impression de relire son cours d’histoire-géo.
Bref, si vous aimez Kopa parce qu’on rend simple et accessible des sujets complexes dans le sport, La Guerre des Voisins fait pareil avec la géopolitique mondiale.
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C’est le montant que lequel Electronic Arts va être racheté par le fonds souverain saoudien, Silver Lake et Affinity Partners (Jared Kushner, le beau-fils de Trump). L’opération, financée par 36 Mds$ de fonds propres et 20 Mds$ de dette, constitue le plus grand LBO de l’histoire. Les actionnaires recevront 210 $ par action, soit une prime de 25 %.
Cette acquisition illustre la consolidation du jeu vidéo, où seules les grandes licences comme EA Sports FC, Battlefield ou Les Sims assurent encore croissance et rentabilité. Elle s’inscrit aussi dans la stratégie de soft power saoudien dans le sport et la culture.
En 1994, le Rwanda a basculé dans l’horreur : un génocide qui fit près d’un million de morts. En 2025, le pays est de nouveau associé au mot “guerre”, cette fois par ricochet, accusé d’appuyer la rébellion M23 dans l’est de la République démocratique du Congo. C’est dans ce contexte que Kigali accueille… les Championnats du monde de cyclisme sur route. Oui, vous avez bien lu : la grand-messe du vélo planétaire, première en Afrique, s’installe au cœur des Grands Lacs.
Comment en est-on arrivé là ? L’UCI cherchait depuis des années à “décentrer” son sport, trop européen, trop blanc, trop pavés du Nord. Le Rwanda, déjà hôte d’un Tour local réputé et soutenu à fond par son gouvernement, a su convaincre : infrastructures modernisées, routes rénovées, promesse d’une organisation impeccable. La candidature a été validée en 2021, bien avant que la guerre avec la RDC ne s’intensifie. Trop tard pour reculer.
Le business derrière ? Pas anecdotique. Le gouvernement rwandais a investi plus de 150 millions de dollars dans les infrastructures sportives et routières depuis 2019, avec en ligne de mire ce Mondial. Routes refaites, hôtels modernisés, sécurisation maximale. Les sponsors (Skoda, Tissot, Shimano) suivent : le marché africain du vélo est encore embryonnaire, mais avec une croissance annuelle de 10% selon Deloitte, il intrigue. Kigali voulait son “moment Qatar 2022”, mais version deux roues.
Cette édition 2025 est déjà entrée dans l’histoire pour une autre raison : c’est probablement la course la plus dure jamais organisée. Près de 5 500 mètres de dénivelé cumulé, chaleur humide, altitude, pourcentage de murs dignes des classiques les plus cruelles. Résultat : un nombre record d’abandons, des champions exténués, des finishers au compte-gouttes. L’UCI avait anticipé : pour la première fois, tous les coureurs étaient équipés de GPS, capables de signaler automatiquement une chute ou un arrêt suspect. On surveille les hommes comme on surveille les drones.
La police rwandaise, de son côté, a promis un “tournoi sans incident”. Postes de contrôle, routes bloquées, encadrement militaire discret mais omniprésent. Bref, la vitrine d’un pays qui veut montrer au monde qu’il est stable, moderne, ouvert. Et c’est là que ça grince : entre la vitrine et la réalité, l’écart est vertigineux. Organisations de défense des droits humains, journalistes et opposants rappellent les arrestations arbitraires, la répression des voix dissidentes, et les accusations de soutien aux rebelles de l’autre côté de la frontière.
Alors, bonne ou mauvaise idée de tenir une course mondiale ici ? Bonne, parce que le vélo s’universalise, qu’une première en Afrique était attendue depuis longtemps, et qu’on ne peut pas éternellement tourner autour des mêmes cathédrales européennes. Mauvaise, parce qu’on ne peut pas faire comme si de rien n’était dans un pays accusé de réprimer ses citoyens et de nourrir un conflit voisin.
La vérité, c’est que cette contradiction est au cœur du sport moderne : vitrine et diversion d’un côté, catalyseur et moteur de transformation de l’autre. Le Rwanda voulait ses Mondiaux pour se montrer au monde ; l’UCI les voulait pour prouver son ouverture. Les coureurs, eux, n’avaient pas vraiment le choix. Et nous, spectateurs, restons avec cette impression étrange : applaudir des exploits athlétiques extraordinaires dans un décor qui, lui, reste marqué par l’ombre de la guerre.
Peut-être qu’un jour on dira que cette édition a ouvert une brèche, que le vélo a aidé l’Afrique à s’inviter dans le concert sportif mondial. Peut-être qu’on dira que ce n’était qu’un vernis. En attendant, le maillot arc-en-ciel 2025 vient de Kigali. Et ça, déjà, c’est historique.
Henri
🏃♀️ Fédération Française de Rugby
Responsable activités économiques,CDI
🎾 Sporfield
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⚽ AS Monaco
International Sales, CDI
🏃♀️ Hoka
Paris Community Specialist, CDI
⚽ La Source
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⚽ La Source
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La F1 est de retour à Singapour ce week-end.
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🎥 Documentaire — Clique : Isack Hadjar
Jeune prodige de la F1, Isack Hadjar revient sur son parcours, la pression financière qu’il a subi, son exigence, sa foi et sa volonté d’écrire l’histoire. Un échange sans filtre et débordant de sincérité sur les coulisses d’un sport où tout se joue à la seconde près.
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⚽️ Football — Chelsea Liverpool
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