À qui profite le sport ?

D’un côté, la FIFA, ses milliards non lucratifs, ses règlements sur mesure et ses présidents à chute libre. De l’autre, la NBA, ses ambitions transatlantiques, ses tickets d’entrée à 500 millions, et son plan pour transformer Paris en playground géopolitique. Dans les deux cas, le sport comme prétexte, et l’expansion comme obsession.

Kopa
6 min ⋅ 28/03/2025

🎬 Épisode 14 du Kopa Club.

Cette semaine, on vous parle d’un club qui veut disrupter depuis Station F, d’un Ballon d’Or mis au frigo pendant dix ans, d’un rachat à 6,1 milliards… et d’une ligue prête à débarquer en Europe en mode bulldozer.

🧠 En ouverture, Aurel vous emmène là où le foot et la tech fusionnent : le PSG lance son propre lab à Station F. Objectif ? Hacker le futur du sport.

⚖️ Henri, lui, revient sur un exilé du jeu : Michel Platini, mis au placard pendant une décennie, blanchi depuis. Une erreur judiciaire du foot moderne ?

🏀 Direction Boston ensuite, où Aurel débriefe la vente record des Celtics. 6,1 milliards, une franchise mythique, et des investisseurs qui ont trouvé ça « facile ». Wall Street sur parquet.

🌍 Et pour finir, cap sur l’Europe. Avec Hugo, qui vous explique pourquoi la NBA affûte ses sabres et prépare son débarquement sur le Vieux Continent. Pas une question de si, mais de quand.

Une newsletter à lire comme un plan de jeu. On entre à Station F, on finit à Abu Dhabi.

Dream Bigger, Build Faster : le PSG entre en mode start-up

Avec PSG Lab Paris, le club devient le premier du foot à lancer un accélérateur d’innovation au sein du plus grand campus de start-ups au monde. L’idée ? Mêler data, IA et expériences immersives pour réinventer l’expérience fan, optimiser ses infrastructures et maximiser la performance des joueurs. Le Parc des Princes comme terrain de jeu, Station F comme centre de R&D. Le Qatar comme investisseur, la French Tech comme vitrine. Quand le foot s’allie à la tech, ce n’est plus du sport. C’est de la stratégie.

Agent Double

1904, Zurich. Un Français, Robert Guérin, crée la FIFA avec huit autres fédés européennes. Objectif : organiser des matchs, harmoniser les règles, faire progresser le football dans le monde. Budget : zéro. PowerPoint : inexistant. Juste l’idée qu’un ballon rond peut rapprocher les peuples. Le Qatar ? Encore un caillou brûlant au bord du Golfe.

Un siècle plus tard, la FIFA est toujours une association à but non lucratif… avec 7,568 milliards de dollars de revenus sur le cycle 2019-2022. Soit +18 % par rapport aux 6,421 milliards engrangés entre 2015 et 2018. Premier poste : droits TV (45 % du total), soit 3,426 milliards de dollars. Ajoutez 32 sponsors signés pour le Mondial au Qatar, et vous obtenez une ONG sur le papier, une multinationale à l’extrait de compte. Le foot est devenu produit d’appel, vitrine diplomatique, et soft power en crampons.

La bascule, elle commence en 1974. João Havelange, Brésilien stratège, bat l’Anglais Stanley Rous pour la présidence. Son plan : faire campagne hors d’Europe, séduire les pays du tiers-monde avec promesses de stades, de tournois, de visibilité. En échange : des voix. Car à la FIFA, un pays membre = une voix. Qu’on ait 200 millions d’habitants ou pas de terrain. Élu sans trembler, Havelange redessine les rapports de force. Dans ses bagages, un jeune Suisse : Sepp Blatter.

Blatter, lui, comprend vite que le foot ne se vend plus sur le terrain. Il démarche Coca-Cola — pas pour écouler des canettes, mais pour signer des deals de sponsoring. Puis viennent Adidas, Visa, McDo… et la FIFA se transforme en centrale de sponsoring planétaire.

Et voilà Platini. Ex-n°10 des Bleus, triple ballon d’or, président de l’UEFA, fluide en trois langues, respecté par l’Europe du foot. Il incarne un contre-modèle : un dirigeant qui parle jeu, pas cash. En 2011, la FIFA lui verse 2 millions de francs suisses pour des conseils rendus entre 1998 et 2002. Montant validé par contrat, mais payé neuf ans plus tard. Et surtout : trois mois après qu’il annonce sa candidature à la présidence.

2015 : le parquet suisse ouvre une enquête. La FIFA, alors présidée par Blatter, le suspend huit ans (réduits à quatre).

2022 : procès. Platini est acquitté en première instance, puis acquitté en appel. Aucun délit retenu. Il sort du tribunal et déclare : “La persécution est enfin terminée.”

Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Officiellement, pour une histoire de paiement tardif. Officieusement… on ne saura sans doute jamais. Mais disons que l’affaire tombe bien pour certains.

Pendant que Platini tombe, Gianni Infantino grimpe. Ex-bras droit à l’UEFA, visage lisse, soutien loyal en façade. Il défend Platini devant les caméras, et lui savonne la pente en coulisses. Soutenu par les pays du Golfe, Infantino promet ce que la FIFA adore : plus de matchs, plus de qualifiés, plus de cash. Élu président en 2016, réélu deux fois depuis.

En 2022, il encaisse 4,13 millions d’euros. Et depuis son arrivée au sommet, il a touché un total d’environ 22,7 millions d’euros. Le tout en serrant la main de Poutine, en défendant le Qatar, et en vendant le Mondial 2026 à Joe Biden.

L’ordre est rétabli.

Ironie ultime : c’est Platini lui-même qui aurait fait basculer le vote en faveur du Qatar en 2010, après un déjeuner à l’Élysée avec Sarkozy et le prince héritier. En échange ? Des investissements à Paris, dont le rachat du PSG le 30 juin 2011. Il a aidé à bâtir le système… qui l’a éliminé.

On appelle ça une passe décisive contre son camp. Mais très bien placée.

Henri

6,1 milliards de dollars.

C’est le prix payé par Bill Chisholm, patron du fonds STG, pour s’offrir les Boston Celtics. Une franchise achetée 360 millions en 2002, revendue vingt ans plus tard pour un record absolu dans le sport US — devant même les Washington Commanders.

Mais Chisholm ne débarque pas seul. Dans sa soute : la société d’investissement Sixth Street (1 Md$ sur la table), le propriétaire minoritaire Rob Hale, et Bruce Beal, magnat de l’immobilier. « Trouver le capital nécessaire a franchement été la chose la plus facile », lâche Chisholm. Sa méthode ? « Réunir les bonnes personnes autour de la table. » Une leçon de private equity, version parquet ciré.

Le deal, lui, est malin : Wyc Grousbeck, l’actuel boss, reste aux commandes jusqu’en 2028. Pourquoi changer une équipe qui vient de remporter le titre NBA ? Chisholm observe et apprend, dans l’ombre. L’influence tranquille.

La NBA, c’est ça : des franchises qui s’arrachent comme des licornes, des deals à plusieurs milliards, et une logique simple – plus que du sport, un asset stratégique, entre soft power, spectacle mondial et rendement long terme. À ce tarif-là, qui s’étonne encore de voir la NBA vouloir poser ses valises en Europe ? Les Celtics changent de mains. Le Vieux Continent, lui, est sur le point de changer de dimension.
➡️ Juste après, on vous explique pourquoi la NBA arrive en conquérante.

Les conquistadors traversent l’Atlantique

Les voiles sont hissées, le pont grince sous le poids des ambitions, et la figure de proue– fend l’Atlantique. À son bord, la NBA, empire du spectacle et du dollar, en route vers l’Europe. Pas pour une visite de courtoisie, mais à la conquête du continent. Les cartes sont prêtes, les routes tracées, les ports repérés. Madrid, Paris, Milan… Ce n’est plus un fantasme, c’est un plan d’attaque. Ils avancent comme des conquistadors affamés : armés de droits télé XXL, de franchises calibrées, et d’un storytelling si efficace qu’il ferait passer Netflix pour un tâcheron.

La question n’est plus “vont-ils débarquer ?” La vraie question, c’est : “quand planteront-ils le premier drapeau ?

Ce jeudi, les 30 propriétaires des franchises NBA se réunissent pour acter un projet longtemps dans les tuyaux : la création d’une ligue européenne labellisée NBA, en partenariat avec la FIBA. Une ligue fermée, calquée sur le modèle américain, avec 8 à 10 équipes pour commencer, et un lancement dès la saison 2026-2027 – pile à l’expiration des licences actuelles de l’Euroligue. Onze villes ont déjà été approchées : Paris, Madrid, Milan, Istanbul, Londres… Que du lourd.

Petite indiscrétion ? La majorité requise au sein du board de la NBA est déjà acquise. Quand la NBA veut, elle peut.

Le ticket d’entrée ? 500M€. Une broutille pour les franchises américaines, qui viennent de signer un deal télé à 76Mds$ sur 5 ans (t’as entendu ça Labrune ?). Comme pour la WNBA, les nouveaux entrants devront financer 50 % du capital, le reste étant assumé par les franchises historiques. Reste donc 250M à trouver pour chaque ville.

La NBA ne manque pas d’idées. Pour le reste du financement, elle se tourne vers les clubs de football les plus puissants (et riches, hasard de dingue !). Manchester City, le Real Madrid, le Barça, le PSG. Les suspects habituels. Du côté parisien, l’intérêt est réel. Deux options sont sur la table : créer une franchise nouvelle ou racheter un club existant, type Paris Basketball. Rien de surprenant, le PSG joue avec la NBA depuis longtemps. Dans le vestiaire, Kevin Durant est actionnaire ; sur le maillot, le Jordan remplace le blason.

Est-ce que ce sera rentable ? Peu de doute pour la NBA, qui estime que le marché européen et moyen-oriental est capable de générer jusqu’à 3Mds$ par an. Un fonds d’investissement dédié aux infrastructures est même prévu. De quoi ringardiser les douches de Limoges et les gradins de Villeurbanne.

Et l’Euroligue, dans tout ça ? Elle regarde le bulldozer NBA s’approcher en se disant qu’elle va peut-être passer sous les roues. La société qui la pilote – l’ECA – tente de résister. Elle compte parmi ses actionnaires le Real Madrid et le FC Barcelone… les mêmes clubs ciblés par la NBA. Double jeu ? Peut-être.

L’Euroligue, c’est 18 clubs, une histoire, une ferveur. Expliquée de manière simpliste, c’est une Super Ligue avant l’heure, mais sans les retombées économiques qui vont avec. Ainsi, le Real Madrid a perdu 20M€ en 2023-2024.

Dans son ensemble, le basketball européen, c’est un modèle économique flou, avec plusieurs compétitions, et une ligne directrice encore à définir. Les fans sont fidèles, certes. Mais l’attachement ne paie pas les factures.

Si l’arrivée de la NBA en Europe est une idée louable, tout amoureux du basket européen regrettera l’absence d’équipes baltes ou serbes, fiers ambassadeurs d’une ferveur qui n’existe nulle part ailleurs (et surtout pas en NBA).

Enfin, l’Euroligue n’a pas dit son dernier mot. Le final four 2025 aura lieu à Abu Dhabi. Elle se rapproche du Moyen-Orient, de ses fans… et surtout de ses capitaux. Une tentative de rester dans la course, de s’acheter du temps face à l’ogre américain.

Si l’Euroligue ne veut pas mourir, elle devra choisir : muter, fusionner ou s’effacer. La NBA n’attend personne.

Hugo

Les rumeurs (presque) trop folles pour être vraies.

  • Volkswagen : plus de saucisses que de voitures ?
    C’est presque le cas. En 2023, le constructeur a écoulé 6,8 millions de voitures… et 6,7 millions de saucisses au curry produites dans son usine historique de Wolfsburg. Initialement destinées à nourrir les salariés, ces “saucisses de stade” sont devenues cultes en Bundesliga. Et officiellement référencées comme “pièce détachée n°199 398 500 A”. On est loin du tofu bio, mais toujours dans la culture club.

  • Embouteillages aux toilettes en début de Grand Chelem ?
    Dans une vidéo récemment publiée, Mannarino, Gasquet et Goffin confient qu’à chaque début de Grand Chelem, le lundi à 11h — juste avant les premiers matchs — les toilettes sont littéralement prises d’assaut. Pas pour peaufiner les derniers réglages, non. Juste pour survivre au stress.

Les Stages et Alternances

⚽ Sorare: Partnership & Operations Internship, Stage
Offre
🏟️ SportFive: Assistant.e Chef.fe De Projet, Stage
Offre
🎾 FFT: Services digitaux grand public & joueurs, Alternance
Offre
SportFive: Sales Partnership, Alternance
Offre

Les CDI et CDD

🏐 Fédération Française de Volley: Chargé de Mission Sportive, CDI
Offre
📺 DAZN: Social Media Manager, Freelance
Offre
⚽ SportFive: Sponsorship Sales Manager, CDI
Offre
📰 A.S.O: Contrôleur de Gestion, CDI
Offre

🎞️ Docu Sport
⚽ Welcome to Wrexham

Deux stars hollywoodiennes rachètent un club de football gallois : galères de propriétaires novices, ferveur locale et ville minée par la fin du charbon. Une télé-réalité aussi touchante que drôle.
📺 Disney+

🎾 Tennis
🇺🇸 Masters 1000 de Miami
½ finales et finale au programme ce weekend à Miami. Et pourquoi pas une victoire français avec Fils ?
📺 Eurosport

🏉 Rugby
HSBC Sevens, Hong-Kong
L’équipe de France s’est envolée pour la Chine pour l’avant-dernière étape du circuit mondial.
🎯 Objectif : décrocher son ticket pour la grande finale à Los Angeles
📺 L’équipe TV

Bonne séance !

Kopa

Par Kopa Club

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