De Babolat au sumo : la France tisse, le Japon pousse

Un empire cousu main et une tradition qui vacille. Cette semaine, cap sur Lyon où un boyau d’abattoir devient fleuron mondial, puis détour par Tokyo où le sumo se cherche entre sacré et business. Deux leçons : le fil de l’histoire tient parfois à une tension bien dosée – ou à un mawashi bien noué.

Kopa
4 min ⋅ 25/07/2025

📌 Épisode 31 du Kopa Club

Cette semaine, ça grimpe sec. À Lyon, une PME familiale tisse patiemment sa toile mondiale, pendant qu’à Tokyo, un bastion sacré tente de rester debout. Et pendant ce temps-là, sur le Tour, un nouveau couple franco-français s’élance avec un objectif clair : ramener le maillot jaune à la maison. Trois histoires, trois héritages, un même enjeu : durer. Sans s’essouffler.

🎾 Hugo remonte le fil Babolat : d’un boyau d’abattoir à une raquette culte, 150 ans d’artisanat devenu empire.

🧂 Henri entre dans le cercle du sumo : business sacré, crise d’identité et combats à 150 M€.

🖼 L’image de la semaine : CMA CGM remplace AG2R comme partenaire de l’équipe Decathlon à partir de 2026. Objectif : gagner le Tour avant 2030. Budget : +40 M€.

💸 Le chiffre : Suprise. On vous laisse découvrir.

Un français vainqueur du Tour avant 2030 ?


C’était l’annonce de la semaine sur le tour. CMA CGM devient partenaire titre de l’équipe cycliste Decathlon à partir de janvier 2026. Un tournant stratégique pour l’armateur marseillais, déjà omniprésent dans le sport (OM, JO de Paris, Ferrari en F1), qui renforce ainsi sa visibilité en s’alliant à un projet ambitieux : remporter le Tour de France d’ici 2030.

Le retrait d’AG2R La Mondiale après 28 ans ouvre la voie à un nouveau duo 100 % français. Budget prévu : +40 M€ dès 2026, pour rivaliser avec les géants du peloton.

Un cordage long de 150 ans

La semaine dernière, on disséquait le Coq Sportif, plume ébouriffée sous le vent d’un redressement judiciaire. Pour rester dans la basse-cour mais changer d’humeur, direction Lyon : même héritage tricolore, destin radicalement différent. Babolat, 150 ans cette année, n’a jamais attendu l’aile protectrice d’un investisseur providentiel pour tenir debout. L’ETI familiale (445 salariés, 197 M€ de chiffre d’affaires 2024) n’est pas seulement “encore là” ; elle prospère au point de se frotter aux géants américains et autrichiens du bazar à raquettes.

Tout commence en 1875, quand Pierre Babolat tire de l’intestin de mouton un boyau si solide qu’il sert à la fois de corde de guitare, de fil chirurgical… et, à la demande d’un gentleman anglais fraîchement converti au “lawn-tennis”, de premier cordage de raquette. Un siècle plus tard, le nylon remplace la tripaille, mais la marque garde la main : 44 millions de mètres de cordage sortent chaque année de l’usine lyonnaise. Elle et TecniTecnifibreent 80 % du marché mondial.

L’astuce suivante arrive en 1994 : puisqu’on tend déjà les cordes, pourquoi ne pas fabriquer la raquette ? La Pure Drive sort des ateliers, devient l’instrument favori de Carlos Moyà, puis d’un adolescent gaucher de Manacor que les recruteurs ont repéré à douze ans. Nadal enquille les Grands Chelems, la Pure Drive empile les générations (onzième version en boutique) et Babolat grimpe sur le podium mondial aux côtés de Wilson et Head, deux mastodontes autrement mieux dotés en pétrodollars.

La diversification continue : balles, chaussures, sacs, badminton. Aujourd’hui, l’œil est braqué sur le padel. La discipline pèse à peine 200 M€ mais pourrait valoir autant que le tennis d’ici dix ans. Babolat réalise déjà 16 % de ses ventes derrière les vitres bleutées et ouvre bureaux à Madrid, centre d’essai à Barcelone, partenariat futuriste avec Lamborghini (cinquante raquettes en fibre d’ego carbone). Comme dans le tennis, la chasse aux talents précède la ruée : Juan Lebrón, recruté avant d’être numéro 1 mondial, sert de locomotive aux quinze champions maison.

Les États-Unis restent le premier marché, l’Espagne son laboratoire, mais l’Asie frémit et l’Allemagne se convertit. On dirait un plan de conquête ; c’est juste la routine d’une PME qui a transformé un boyau d’abattoir en empire discret. Morale pour notre ami le Coq : la longévité tient parfois à un fil. A condition de bien le tendre.

Hugo


31.

31 semaines.
31 chiffres, images, focus qu’on a fouillés, pesés, commentés.
Pas de pause, pas de relâche, juste une obsession : raconter le sport autrement.

Merci d’avoir été là depuis janvier.
Merci de lire, de partager, de répondre parfois à 7h du mat.
C’est vous qui nous donnez la force (et l’envie de recommencer chaque semaine).

On vous laisse souffler un peu. On revient à la rentrée pour décortiquer les histoires de l’été et relancer le Kopa Club comme si de rien n’était. Sauf qu’on sera bronzés.

Bon mois d’août, et à très vite.

L’équipe Kopa Club 🧡

Quand le sport refuse de changer, que devient-il ?

En 1854, alors que le Japon s’ouvre enfin au monde, un diplomate américain assiste médusé à un spectacle rituel : deux hommes quasi nus, énormes, s’affrontent en silence dans un cercle de sable, précédés d’une série de saluts, claquements de mains et lancers de sel. Il note dans son carnet : « On dirait un combat d’ours dans un temple shinto. » Il n’était pas si loin de la vérité.

Le sumo n’est pas un sport. C’est un théâtre sacré, un vestige vivant du Japon féodal, un mix improbable de lutte gréco-bouddhiste, de business patriarcal et de bouffe à 7 000 kcal/jour. Et pourtant, malgré ses airs d’artefact vivant, le sumo génère, quand même, chaque année plus de 150 millions d’euros via billetterie, TV, mécénat et merchandising. En clair : la tradition paie encore.

Le business model du sumo est un OVNI. La Japan Sumo Association contrôle tout : les écuries, les salaires, les droits télé (achetés par NHK depuis 1953), jusqu’au grammage exact des mawashi (la ceinture). Les 600 lutteurs pros vivent dans des heya (camps fermés, quasi militaires), entraînés 7 jours sur 7, nourris comme des ogres, payés en fonction de leur rang. Un rikishi de haut niveau peut toucher jusqu’à 25 000 € par mois, plus les primes de combat, les dons d’entreprises et les enveloppes remises discrètement par des fans fidèles à la sortie du ring. Oui, le sumo fonctionne encore (aussi) à l’enveloppe.

Mais derrière la façade sacralisée, le sumo tangue. Le public vieillit, la relève japonaise peine à suivre, et les stars sont désormais… mongoles. Depuis 2003, tous les yokozuna (le grade ultime) sont nés hors du Japon. Hakuho, le plus grand de tous les temps ? Mongol. Ça ne passe pas chez les puristes. Trop fort, pas assez japonais. Le sumo est donc pris dans une crise d’identité : faut-il rester un bastion culturel pur ou devenir un vrai sport global ?

Ajoutez à ça une image pas franchement woke, sexisme structurel (les femmes ne peuvent pas monter sur le ring), scandales de bizutage, blessures masquées, et dépressions sous silence et vous avez une discipline fascinante, mais en surpoids stratégique.

En 2024 pourtant, les tournois font toujours salle comble. L’international se pique de curiosité, les sponsors reviennent timidement (Japan Airlines, Kirin, des crypto-startups…), et Netflix prépare une série dramatique sur l’univers des heya. On parie que vous la regarderez.

Le sumo est peut-être à la croisée des chemins. Mais s’il doit tomber, ce ne sera pas sans avoir poussé très fort.

Henri

Les Stages et Alternances

⚽ PSG
Business Developer Stadium Tour, Alternance

Olympique de Marseille
Assistant(e) Chef de Projet Digital, Stage

🏟️ Sorare
Video Editor Apprentice, Stage

Fédération Française de Football
Community Manager, Stage

Les CDI et CDD

⚽ Adidas:
Sales Strategy Manager, CDI

🥇 CNOSF
Chargé de mission Commission des Athlètes de Haut Niveau, CDI

⚽ Paris Saint Germain
Sponsorship Account Manager, CDD

🏃‍♀️ New Balance
Sports Marketing Manager Running, CDI

🚴 Cyclisme
Tour de France
📺 Tout le weekend, France 2 & 3

🏎️ Formule 1
Grand Prix de Belgique
Les trois leaders du championnat, Lando Norris, Oscar Piastri et Max Verstappen sont les grands favoris de ce weekend.
📺 Dimanche 15h, Canal +

Bonnes vacances !

Kopa

Par Kopa Club

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