Du bar au Cap : les nouveaux circuits du sport

D’un côté, des fléchettes connectées, un chicken tender croustillant, et des néons rose. De l’autre, un circuit taillé dans la baie du Cap, 1Mds$ sur la ligne de départ, et un continent qui attend son virage depuis 30 ans. Entre bars immersifs et diplomatie sportive, le sport moderne se joue à la frontière du divertissement et de la stratégie.

Kopa
5 min ⋅ 09/05/2025

🧠 Épisode 20 du Kopa Club

Cette semaine, on sort du stade et on regarde où le sport s’écrit vraiment : dans les coulisses, les bars, les deals à un milliard, et parfois… dans les rêves les plus fous.

📸 Aurel commence avec une parade inédite à Miami : 20 pilotes, 20 monoplaces... en LEGO. 1,5 tonne de briques, zéro moteur, mais un coup de com' en pole position.

🍻Henri plonge dans le vacarme des écrans plats et des néons : ceux des nouveaux bars à sport. Fléchettes connectées, chicken tenders et ROI en IPA — ici, le match se joue à coups de « tickets moyens », pas de tacles glissés.

👟 On enchaîne ensuite avec un record absolu pour les paris sportifs en France. Un marché en pleine explosion… mais sous haute surveillance.

🏎️ Hugo finit pied au plancher avec un dossier de fond : le retour (probable) de la Formule 1 en Afrique. Entre diplomatie, héritage post-apartheid et rivalités géostratégiques, une question persiste : comment parler de mondial sans Afrique ?

LEGO x Formula 1: L’activation que l’on n’avait pas vu venir

À l’occasion du Grand Prix de Miami, la parade des pilotes a pris une dimension inédite : les 20 pilotes ont défilé à bord de répliques grandeur nature de leurs monoplaces, entièrement construites en briques LEGO. Chaque véhicule a été co-conçu par LEGO en collaboration avec les écuries de F1, puis assemblé à la main par 26 ingénieurs.

Résultat : des monoplaces de plus de 1,5 tonne, composées de près de 400 000 pièces, équipées de véritables pneus Pirelli. Si les véhicules ne dépassaient pas les 20 km/h, l’impact visuel et médiatique, lui, était bien réel.

Moins de sueur, plus de shooters

"Si les stades sont de plus en plus hors de prix et les bières tièdes (quand il y en a), les bars de sport, eux, se portent comme un Paris SG-Marseille un soir de derby : bruyants, bondés, et très rentables. À Portland, un bar 100 % dédié aux compétitions féminines affiche complet tous les soirs. À Paris, on fait la queue pour une partie de fléchettes connectées. Et ça intéresse grandement les fonds d’investissement comme Hadrena — petit empire du leisure indoor fondé par Pierre-Édouard Sterin — qui transforme les friches industrielles en temples de la bière, de l’écran géant et du curling indoor. Bienvenue dans le business du fun calibré, où l’ambiance fait tourner les comptes.

L’idée n’est pas neuve. Les bars de sport sont les arrière-cuisines du sport spectacle : dès les années 80, on y crie devant des télés cathodiques, pinte à la main, l’autre sur le cœur. Mais depuis dix ans, la tendance s’est affûtée : la retransmission ne suffit plus. Il faut de l’expérience, du jeu, du fun. On regarde le match, mais on joue aussi aux fléchettes avec suivi vidéo, on refait le monde autour d’un chicken tender, et on repart avec une médaille de flèchtanque (oui, ça existe). Ce que vous appelez un bar, eux appellent ça “lieu immersif multisensoriel”. Et les investisseurs adorent.

Les chiffres confirment cette poussée d’endorphines : le marché mondial des bars de sport pesait 56,7 milliards de dollars en 2024, et il est attendu à 78,5 milliards d’ici 2032, avec une croissance annuelle de 4,1 %. En France, où on compte un bar pour 978 habitants (contre une salle de sport pour 4 461), l’équation est simple : on s’hydrate mieux que l’on transpire. D’autant que la Coupe du monde de rugby, les Jeux olympiques et les stades de plus en plus chers ont recentré la fête... au comptoir.

Et parce que le bon vieux bar PMU ne fait plus rêver la Gen Z, place à la gamification. Les fléchettes interactives connectées (avec avatars et replays, comme à Roland-Garros), les terrains de pétanque indoor, les bars à bière autopilotés façon Mario Kart : tout est pensé pour rester longtemps et revenir souvent. L’heure de fléchettes ? Environ 23€ pour six personnes. Ajoutez deux tournées et un snack, vous avez une unité économique digne d’un escape game.

Hadrena, justement, l’a bien compris. Le groupe multiplie les implantations de centres "multi-loisirs immersifs", de la pétanque au lancer de hache, et affiche 140 millions d’euros de chiffre d’affaires. Propriété de l’entrepreneur ultraconservateur Sterin, le groupe prospère dans un flou idéologique fascinant : on boit de la Despé dans des bars “apolitiques”, financés par quelqu’un qui ne l’est pas du tout.

Alors que retenir ? Que le bar sportif devient un produit culturel à part entière, entre Netflix et salle de sport. Qu’il est aussi le miroir d’une époque en quête de convivialité optimisée. »

Henri

14 Milliards d’euros

C’est le chiffre d’affaires record des paris sportifs en France en 2024. Une année faste – merci l’Euro, merci Paris 2024 – où le foot a régné sans partage (5,6 milliards € de mises), où les joueurs ont été plus nombreux que jamais (3,9 millions, dont un tiers de 18-24 ans), et où les femmes représentent désormais 15 % des parieurs.

Mais face à cette banalisation, l’Autorité Nationale des Jeux tire la sonnette d’alarme : les risques d’addiction augmentent, et il devient urgent de repenser la manière dont on perçoit cette pratique. Un business en plein boom… mais sous surveillance.

Circuit fermé, continent oublié

Cela fait 30 ans que le rugissement d’un moteur de Formule 1 n’a plus résonné sur le sol africain. Le dernier Grand Prix s’est tenu à Kyalami, en Afrique du Sud, en 1993. Puis, plus rien. L’apartheid, les tensions diplomatiques, les enjeux politiques : tout a concouru à faire sortir l’Afrique du circuit. Depuis, la planète F1 a bien changé. Naguère sport de passionnés, elle est devenue une multinationale du divertissement, pilotée par Liberty Media. En 2024, la F1 a généré 3,4 milliards de dollars de revenus et attiré 1,6 milliard de téléspectateurs. Mais pas un seul virage, pas un seul virage n’a été pris sur le continent africain. Un vide qui commence à faire tache pour un championnat qui se dit mondial.

Car en 2024, il y a trois Grands Prix aux États-Unis, quatre au Moyen-Orient, un en Azerbaïdjan… mais rien entre Tanger et Johannesburg. On pourrait presque croire que les droits TV et les pétrodollars pèsent plus lourd que la cohérence géographique.

Les choses pourraient pourtant changer. Dans les cartons de la FIA, un objectif : inscrire un Grand Prix africain d’ici 2027. Et plusieurs projets se dessinent.

Le plus légitime ? L’Afrique du Sud, bien sûr. Le pays a l’avantage d’avoir déjà accueilli la F1, dispose d’infrastructures solides et d’un savoir-faire post-Mondial 2010. Deux options sont sur la table : ressusciter le mythique circuit de Kyalami ou créer un tracé urbain au Cap, autour du stade construit pour la Coupe du Monde. Avec l’océan d’un côté, Lion’s Head de l’autre, les promoteurs n’ont pas peur de rêver d’un « Monaco africain ». Budget estimé : un petit milliard de dollars.

Mais l’Afrique du Sud n’est pas seule. Le Rwanda, 13 millions d’habitants et une stratégie de soft power bien rodée (PSG, Arsenal, Mondiaux de cyclisme 2025), s’est aussi positionné. La FIA y a même organisé sa dernière cérémonie de remise des trophées. Une marque d’intérêt. Reste un obstacle de taille : le conflit latent avec la République Démocratique du Congo.

Enfin, le Maroc. Discret mais ambitieux. Déjà désigné co-organisateur de la Coupe du Monde 2030, le royaume chérifien coche beaucoup de cases. Et ne dit jamais non à un levier d’image bien huilé.

Car accueillir un GP, ce n’est pas juste une affaire de passion. Il faut aligner un chèque de 50 millions de dollars pour les droits, garantir un circuit homologué (125 000 places), une offre hôtelière suffisante, un aéroport à proximité, un système de transport fluide, des loges VIP, et des garanties sur la sécurité. Autant de conditions que les prétendants africains semblent prêts à remplir. Quitte à ne jamais rentabiliser l’événement. Car pour certains, les bénéfices ne sont pas dans les bilans comptables.

Lewis Hamilton, seul pilote noir de l’histoire à avoir été sacré champion du monde, est l’un des grands défenseurs du retour de la F1 en Afrique. Son soutien est constant, militant. Et son rêve reste intact.

Peut-être que, dans quelques années, les caméras diffuseront une ligne droite au cœur du Cap, un dépassement audacieux à Marrakech, ou un podium sous le ciel de Kigali. Peut-être que l’Afrique refera enfin partie du circuit. Parce qu’au fond, une F1 sans l’Afrique, c’est un peu comme un tour de piste inachevé. Et parce qu’un virage manqué, même en Formule 1, peut toujours se rattraper.

Pour une immersion complète, on ne peut que vous recommander ce petit reportage de Red Bull Oracle : https://www.redbull.com/ca-fr/la-f1-en-afrique-du-sud-histoire.

Hugo

Les Stages et Alternances

📺 Canal +, Assistant(e) Marketing & Sponsoring, Alternance
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📺 Warner Bros, Assistant Ad Sales & Sports Events Marketing, Alternance
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VMatch : Chef de Projet Sport, Stage
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⚽ Ligue de Football Professionnel : Assistant Pôle Stades, Stage
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Les CDI et CDD

📺 La Source: Digital Content & Marketing Creative, CDI
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👟 Comité International Olympique: Partnership Manager, CDI
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👟 Salomon: Sales & Marketing Coordinator, CDI
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⚽ New Balance: Sports Marketing Manager, CDI
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🎥 Les recos de la Rédac

🎥 Doc Sport
Luis Enrique: Vous ne pouvez pas comprendre
Si le PSG est en finale de LDC, c’est grâce à cet homme. Il a dit non à Neymar, non à Verratti et à su rendre le PSG meilleur sans Kyllian Mbappé. La méthode Luis Enrique, comme vous ne l’avez jamais vu
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🥊 Boxe: Champions Cup
Championnat du Monde WBS
De la boxe au programme ce weekend pour le Kopa Club ! À Malabo, en Guinée équatoriale, le Français Souleymane Cissokho affronte le Lituanien Kavaliauskas pour devenir challenger officiel au titre mondial WBC.
📺 Samedi 22h30 - Canal +

🏁 Moto GP
Grand Prix de France
Sur le circuit du Mans, Johann Zarco et Fabio Quartararo comptent bien faire vibrer le public français, mais ce sont les frères Marquez, Alex et Marc, qui partent avec la cote des favoris.
📺 Dimanche 14h - Canal +

Bonne séance !

Kopa

Par Kopa Club

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