À vendre : un stade, une étape, un peu d’âme

Un siège éjectable chez Red Bull, une plateforme qui veut réinventer la télé, une bataille pour le Stade de France… et des villes prêtes à tout pour voir passer le peloton. Cette semaine, on parle de ce que le sport fait au business, et inversement.

Kopa
6 min ⋅ 04/04/2025

🧠 Épisode 15 du Kopa Club

Cette semaine, on vous parle d’un baquet devenu siège éjectable, d’un Stade de France qui change d’ère, d’un Tour de France qui facture à l’étape… et d’une plateforme qui veut faire du sport un grand open mic.

📸 En image de la semaine, Aurel vous raconte comment Red Bull a viré Liam Lawson en deux Grand Prix chrono. Chez les Taureaux, on aime la vitesse. Sauf quand il s’agit de fidélité.

🏟️ Hugo enchaîne avec un duel à huis clos pour un monument : le Stade de France. GL Events contre Bouygues-Vinci, storytelling contre béton armé. Et une bataille qui dit tout d’un basculement dans le sport-business français.

📊 On fait ensuite un tour par la case levée de fonds : Playback, le “Twitch du sport”, vient de lever 22 millions de dollars. Télé participative, créateurs, anciens pros et live entre potes. L’ère du “match communautaire” commence.

🚴‍♂️ Et pour finir, Henri explore le business du Tour de France : des villes qui paient cher pour voir passer le peloton, des retombées économiques qui font rêver… et une mécanique bien rodée, où la passion coûte toujours un peu plus que prévu.

Le siège éjectable Red Bull

Deux Grands Prix. C’est le temps qu’il aura fallu à Red Bull pour acter son erreur et à Liam Lawson pour apprendre que chez les Taureaux, la patience n’est pas une valeur cardinale. Recalé au profit de Yuki Tsunoda, le Néo-Zélandais quitte la maison mère plus vite qu’un virage à Suzuka, victime d’un management où le storytelling ne vaut jamais une mauvaise qualif.

Chez Red Bull, il y a Max Verstappen. Et les autres. Des sparring-partners, souvent talentueux, toujours jetables. Pierre Gasly, Alex Albon… Lawson rejoint la longue liste des sacrifiés. Helmut Marko, en parfait DRH de l’ancien monde, parle d’“erreur de casting” et compare son ex-pilote à un boxeur sonné. On attend le prochain round.

Tsunoda, 26 top 10, 14 abandons, est là pour “son expérience”. Pas pour finir la saison, visiblement. Un CDI à clause tacite de licenciement express. Moralité ? Derrière Max, ce n’est pas un deuxième baquet. C’est une chaise électrique.

Stade de France : chronique d’un duel à huis clos

Il est de ces lieux où l’histoire ne s’écrit pas, elle se grave. Le Stade de France n’est pas un stade : c’est un monument. Une ellipse de béton posée entre une bretelle d’autoroute et une ligne de RER, dans une Plaine Saint-Denis autrefois ouvrière, désormais vitrine d’un pari républicain.

Un soir de juillet 1998, deux coups de casque de Zidane ont transformé une friche industrielle en temple national. Depuis, il y a eu des finales, des Marseillaises hurlées, des records battus et des larmes essuyées. Chaque événement y réactive un pan de mémoire collective. Mais aujourd’hui, l’enceinte mythique vit une autre forme de match : David contre Goliath.

Le 4 août 2025, l’actuelle concession du Stade de France prendra fin, après trente ans de gestion par le binôme Bouygues-Vinci. Un partenariat public-privé à 364 millions d’euros pour la construction du stade, doublé de deux milliards de francs pour reconfigurer tout un territoire. C’est peu dire que l’État s’était mouillé.

Mais voilà : en mars 2023, l’État ouvre un nouvel appel d’offres pour réattribuer les clés du joyau pour trente nouvelles années. Et surprise : c’est un outsider qui prend l’avantage. GL Events, groupe lyonnais de l’événementiel, entre en négociations exclusives fin 2023. Un coup de théâtre face aux géants du BTP, qui s’étaient pourtant avancés confiants, 400 millions d’euros de rénovation en poche. GL, de son côté, propose 120 millions. Et remporte la première mi-temps.

David, donc.

Créé en 1978 par Olivier Ginon, étudiant de droit pas franchement promis aux honneurs, GL Events est aujourd’hui un mastodonte discret : 1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2024, 70 % des structures temporaires des JO 2024 à son actif, le Grand Palais Éphémère, le LOU Rugby, un siège à Lyon et désormais… peut-être, un stade à Saint-Denis. Là où les majors du béton voient un actif, Ginon voit une scène. L’un pense mètres carrés, l’autre pense gradins, billetterie, expérience fan et naming. On gère un stade comme un produit culturel, pas comme un pont.

Évidemment, Bouygues et Vinci ne comptent pas laisser passer l’affaire sans broncher : recours déposé, rejeté. Le ministère de l’Économie n’a pas failli à ses devoirs de transparence, tranche le juge. Le jeu continue.

Mais cette bataille juridique ne dit pas tout. Elle révèle aussi un changement d’époque. Là où le béton armé faisait foi, l’événementiel agile prend le dessus. Le Stade de France ne sera plus seulement un lieu d’accueil, mais un catalyseur de récit. Et pour une entreprise qui a fait ses armes à Barcelone 92, Sydney 2000, et qui a vu naître Zidane en 1998, la boucle serait bouclée. En mieux.

Hugo

22 millions de dollars

C’est le montant levé par Playback, la plateforme qui a eu l’idée de génie que tout le monde attendait : faire un Twitch du sport. Le concept ? Regarder un match en live avec ses potes, des créateurs de contenu et même d’anciens pros comme Kevin Garnett ou Gilbert Arenas, tout en commentant depuis son canapé. Une télé augmentée, taillée pour la Gen Z : participative, communautaire, désintermédiée. La MLB a déjà signé, la NBA est dans le tour de table.

Et nous ? On parie qu’un jour, on regardera les JO avec un streamer et un micro plutôt qu’un consultant à cravate.

Combien pour voir passer la caravane ?

Chaque été, les Français retrouvent leurs fondamentaux : râler sur les bouchons, siroter des bières tièdes sur des chaises de camping, et crier “Allez Pinot !” à tout barbu en short moulant. Mais pendant qu’on sue sur le bas-côté, d’autres encaissent. Car derrière les échappées et les bidons volants, le Tour de France, c’est avant tout une machine à cash. Et ce sont les villes qui règlent l’addition.

Spoiler : elles y retournent chaque année avec le sourire.

Chaque année, plus de 200 villes candidatent. 15 % sont retenues. Les autres regardent le peloton passer… à la télé.

Accueillir une étape du Tour ? C’est simple. Il suffit de payer. Au tarif catalogue standard, il faut verser 80.000 euros à ASO pour le départ d'une étape et 120.000 euros pour une arrivée, quelle que soit la taille de la ville. Bonus : pour le Grand Départ, comptez plusieurs millions d’euros. Oui, c’est le prix d’une belle campagne de pub. Mais avec des cyclistes dedans.

Cette année, c’est Lille qui s’offre le grand départ. Après deux éditions hors frontières (Bilbao en 2023, Florence en 2024), ASO revient à la maison pour 2025. Une alternance bien huilée, pensée pour flatter l’ego des territoires français tout en poursuivant l’internationalisation du Tour. Bonus non négligeable : un départ en France coûte moins cher en logistique que d’envoyer la caravane au-delà des Alpes. Le patriotisme économique, version peloton.

Pourquoi payer aussi cher ? Parce que ça rapporte. Beaucoup. Les retombées économiques directes (restauration, hébergement, tourisme) font frétiller les maires : chaque euro investi générerait entre 3 et 10 euros de bénéfices. Exemple qui parle en 2019, Albi a sorti 501 899 € pour accueillir le Tour trois jours (arrivée, départ et jour de repos). Dont 300 000 € pour ASO, le reste en logistique et animations. Résultat ? 1,5 million € de retombées. Soit 1 € investi = 3,08 € récupérés. Pas mal pour trois jours de fête et de transats fluo.

Mais au fond, qui empoche quoi ? Amaury Sport Organisation, bien sûr. L’organisateur privé du Tour (qui gère aussi Paris-Roubaix et le Dakar) engrange environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Un tiers provient du sponsoring (LCL, Skoda, Leclerc…), un tiers des droits TV, et le reste des villes étapes. C’est ce qu’on appelle une diversification bien huilée.

Et la plus grande gagnante dans tout ça ? Peut-être pas celle qu’on croit. Ce n’est pas Paris, ni Alpe d’Huez, mais Le Grand-Bornand, qui a accueilli pas moins de 8 étapes entre 1995 et 2021. Grâce au Tour, la petite station savoyarde s’est refait une image “sport-chic” et a vu bondir sa fréquentation estivale. Merci ASO.

Le Tour, c’est aussi un formidable outil de com’ territoriale : le patrimoine, les paysages et les petites églises romanes sont filmés sous tous les angles, pendant que Franck Ferrand fait des digressions historiques dont lui seul a le secret. On n’a jamais vu autant de châteaux par minute à l’écran depuis une nuit blanche de Stéphane Bern sur France 5.

Et côté audience, on ne parle pas d’un petit évènement local : le Tour de France est le 3e événement sportif le plus suivi au monde après les JO et la Coupe du monde de foot masculine. Plus de 3,5 milliards de téléspectateurs cumulés chaque année. Une vitrine mondiale, donc. En short moulant.

Mais attention, tout le monde n’est pas d’accord. Certains économistes parlent d’un “effet vitrine” surestimé, d’une manne très inégalement répartie, et pointent le coût pour les collectivités. Les JO ont au moins la décence de ne venir qu’une fois tous les quatre ans. Le Tour, lui, revient tous les ans. Et avec les mêmes factures.

Est-ce que ça vaut le coup ? Oui, si vous avez un office du tourisme et un plan com. Non, si votre stratégie c’est "les gens vont bien dépenser un peu au PMU en attendant le peloton”. Le Tour de France, c’est une tradition, une fête, une vitrine… et une entreprise. Une entreprise privée, rentable, qui fait tourner les jambes et les euros.

À méditer, quand vous crierez “allez les gars” sur le bord de la départementale.

RDV le 5 juillet à Lille, une Jupiler à la main, le cœur qui bat pour un Français en jaune (même si c’est juste une étape).

Henri

Les Stages et Alternances

🏟️ ARES MMA: Business Developer, Stage
Offre
⚽ PSG: Administration des Ventes, Stage
Offre
🏉 SportFive: Marketing Sportif (Football et Rugby), Stage
Offre
LFP: Assistant(e) Pôle Service aux Partenaires, Stage
Offre

Les CDI et CDD

🎾 Fédération Française de Tennis: Product Owner Billeterie, CDI
Offre
🏟️ Adidas Arena: Event Manager, CDI
Offre
⚽ OGC Nice: Chargé Commercial B2B, CDI
Offre
📰 BasicFit: Head of Marketing, CDI
Offre

🎞️ Docu Sport
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Il y a un an et demi, Dimitri Payet a rejoint le Brésil pour rebondir après sa fin difficile à l’OM. Il revient sur sa solitude, son accueil chaleureux, et sa nouvelle vie entre football et culture carioca.
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🏎️ Formule 1
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⚽ Ligue 1
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Surement le match du 13ème titre de Champion de France pour le PSG en cas de victoire ou de match nul contre Angers. La préparation idéale avant de recevoir Aston Villa en Ligue des Champions vendredi ?
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Bonne séance !

Kopa

Par Kopa Club

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