Se dépasser, c’est has-been ?

Cette semaine, on joue sans transpirer ou on meurt pour un record. D’un côté, le Pickleball, sport fast-food qui cartonne sans cardio. De l’autre, les Enhanced Games, Jeux dopés à la testostérone et aux millions. Effort sous anesthésie, gloire chimique : et si le vrai perdant, c’était le sport ?

Kopa
6 min ⋅ 13/06/2025

📌 Épisode 25 du Kopa Club

Cette semaine, le sport se dédouble : d’un côté, il s’adoucit en format snack. De l’autre, il s’endurcit façon laboratoire. Deux visions opposées, une même question : que reste-t-il de l’effort ?

🎾 Henri explore la hype Pickleball : sport léger, accessible, viral. Moins de sueur, plus de fun. Le fitness sans friction, parfait pour l’époque ?

💉 Hugo plonge dans l’envers des Enhanced Games, où les records valent des millions et les athlètes ressemblent à des cobayes. Le sport de demain ou le cauchemar d’aujourd’hui ?

🖼 L’image de la semaine : LVMH x Real Madrid. Quand le luxe s’associe aux Galactiques, ce n’est plus du sponsoring, c’est de la stratégie. Le sport, nouveau pilier business des marques premium.

📈 Le chiffre de la semaine : 43 %. Un indice ? Ce n’est pas le taux de victoire d’un joueur, mais la part de Français qui ont suivi Roland-Garros… depuis leur bureau. Preuve que le sport reste un rendez-vous, même entre deux calls sur Teams.

LVMH x Real Madrid

Après les médailles des JO de Paris, les malles-trophées du Ballon d’Or ou de Roland-Garros, et une visibilité XXL en F1, Louis Vuitton signe son tout premier partenariat avec un club de football : le Real Madrid.

Le deal couvre les tenues de voyage et de cérémonie des équipes masculines et féminines de foot, mais aussi de l’équipe de basket. Une collection exclusive, non commercialisée, avec du prêt-à-porter, des chaussures et accessoires aux couleurs du club.

Preuve supplémentaire que le sport est devenu un pilier stratégique pour LVMH, entre culture populaire et des prix un peu moins populaires.

Le sport devient-il trop confortable ?

Au départ, c’est une blague de vacances : en 1965, sur l’île de Bainbridge, au large de Seattle, Joel Pritchard, un sénateur américain, tente d’occuper ses enfants. Il bricole un jeu hybride entre tennis de table et badminton, avec des raquettes en bois et un filet rabaissé. Le chien de la famille s’appelle Pickles, il vole souvent la balle. Le Pickleball est né. Fin de l’anecdote, début d’un business.

Près de 60 ans plus tard, le Pickleball est devenu le sport à la croissance la plus rapide aux États-Unis : 36,5 millions de pratiquants en 2023. Il y a désormais plus de terrains de Pickleball que de Starbucks à New York, des ligues pro (MLP), des sponsors, et une pluie d’investisseurs : LeBron James, Tom Brady, Serena Williams, mais aussi les proprios des Celtics ou des Dodgers.

Pourquoi cet engouement ? Le sport est accessible, fun, social. Il séduit les retraités (pas besoin de courir, pas de contacts, pas de genoux en vrac), mais aussi les millennials en quête d’un sport “cool” sans cardio traumatique. Tu peux y jouer en double, dans un club ou sur un terrain tracé à la craie dans un parking, avec une raquette à 30 €. C’est un sport à l’heure du snack content : format court (15 à 25 min le match), visuel, facile à filmer et à poster. Le rêve pour TikTok. En bonus : un marché estimé à 2 à 3 milliards de dollars d’ici 2028.

Mais cette hype est-elle durable ? Comme toute bulle, le Pickleball a ses signaux faibles. À New York, certaines mairies interdisent son usage sur des terrains publics à cause du bruit incessant des balles en plastique (jusqu’à 70 décibels, soit plus qu’un aspirateur). Et certains y voient déjà le destin du roller-soccer ou du foot-golf : drôle deux étés, puis oublié.

En Europe, le marché émerge doucement. En France, Pickleball France structure l’écosystème, avec une base d’adeptes convaincus, notamment dans le Sud-Ouest et en région lyonnaise. À Paris, quelques premiers cours sont apparus à Vincennes, à Bercy ou à l’Île des Cygnes. La Fédération Française de Tennis surveille le phénomène (elle a déjà absorbé le padel, autre “nouveau sport” devenu très sérieux).

Et le Pickleball n’est que le début. Teqball (mélange de foot et de ping-pong, soutenu par Ronaldinho et en lice pour les JO), Spikeball (jeu de plage devenu ligue pro aux US), ou encore Roundnet (le Spikeball version parkour) surfent sur les mêmes codes : faible coût d’entrée, viralité sociale, esprit communautaire, marketing 2.0.

Des sports faits pour s’amuser vite, pas pour s’entraîner longtemps.

Ces nouveaux sports n’ont plus grand-chose à voir avec ceux d’hier. Ils ne demandent ni technique, ni endurance, ni apprentissage progressif. Ils ne se jouent pas vraiment — ils s’essaient. Là où il fallait autrefois des années pour perfectionner un service lifté au tennis, tenir une position en escalade ou construire un jeu collectif au basket, il suffit aujourd’hui de deux règles simples et d’un peu de coordination pour “avoir fait du sport”. L’effort n’est plus une étape vers la progression, il est devenu une contrainte qu’on contourne.

C’est une autre idée du jeu : plus rapide, plus légère, plus flatteuse. Le philosophe Gilles Lipovetsky parlait déjà dans L’Ère du vide de “l’euphorie de l’instant” (1983) — quête de plaisir immédiat, sans exigence, sans durée. Le titre porte tristement bien son nom pour désigner ces sports du moment : funs, éphémères, creux. On ne joue plus pour se dépasser, mais pour se distraire. Pas de sueur, pas de frustration, pas de mérite.

Il fut un temps où le sport formait le caractère. Aujourd’hui, il flatte le confort.

Henri


Motto, le vélo qui connaît mieux ta géoloc que ton coach Strava.

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GPS intégré, design affûté, usage fluide… on est loin du bon vieux VTT Decathlon qui grinçait dans le garage. Ici, chaque ride est tracké, sécurisé, optimisé. Le vélo comme un service, pas comme une galère.

43%

43 % des Français ont suivi Roland-Garros depuis leur lieu de travail, d’après une étude Discurv réalisée à l’issue du tournoi. Un tiers d’entre eux ont suivi les matchs discrètement depuis leur poste, casque sur les oreilles ou fenêtre cachée derrière un tableur. L’équipe Kopa vous félicite.
Mais plus surprenant encore : 14 % des entreprises ont diffusé officiellement le tournoi, transformant open spaces et salles de pause en mini fan zones. Soyez rassurés, vous n’étiez pas les seuls.

Enhanced Games : Plus vite, plus fort, plus défoncé

Des Jeux sans contrôle antidopage, où l’EPO coule à flot, la testostérone est en libre-service et le record du monde vaut 1 million de dollars ? Bienvenue aux Enhanced Games, cette version bodybuildée des JO, imaginée par quelques milliardaires persuadés que les limites humaines sont un bug, et qu’on peut les “corriger” à coup de seringue.

Derrière cette idée : un casting digne de Black Mirror. Aron D’Souza, juriste australien diplômé d’Oxford, entrepreneur, inspiré par Julian Savulescu, philosophe fan de “bienfaisance procréatrice” (en clair : pourquoi ne pas concevoir des bébés génétiquement supérieurs pendant qu’on y est ?).

À ses côtés, Christian Angermayer, milliardaire allemand fasciné par les fossiles et les psychédéliques, cofondateur des Games, suivi de près par Peter Thiel, éternel disruptif, qui a soufflé l’idée à l’aube de 2022. Et pour couronner le tout ? Donald Trump Jr., via son fonds 1789 Capital. Une équipe de choc qui croit au progrès comme on croit à la magie : aveuglément, tant qu’elle promet l’immortalité et un TRI élevé.

Les Jeux se tiendront à Las Vegas, évidemment. Cité du vice, de l’excès et de la lumière artificielle. Au programme : natation, haltérophilie, athlétisme. Aucun test antidopage. Toutes les substances légalement prescrites autorisées. LSD non, hormone de croissance oui. Le seul encadrement prévu : un suivi médical. Ce n’est pas un protocole, c’est un couloir d’hôpital abandonné.

Première campagne de com ? Un détournement des codes LGBTQ+ : “Comment réussir son coming out d’athlète dopé ?” L’objectif ? Présenter les dopés comme une minorité opprimée. On marche sur la tête. Revendiquer une addiction comme une identité, c’est audacieux. Cynique surtout.

Et puis il y a les chiffres. 250k$ pour une victoire. 250k$ de plus pour un record. Et le pactole : 1M$ pour battre Bolt (9.58’ sur 100m) ou Cielo (20.91’ sur 50m nage libre). De quoi transformer quelques cobayes désargentés en missiles humains. Et tant pis pour la santé. À force de jouer les super-héros, on finit souvent en super-patient.

James Magnussen, ex-champion de natation australien, en a fait l’amère expérience. Dopé au programme Enhanced, il espérait exploser le record du 50m. Il a juste explosé. 114 kilos, 32 bpm au repos, et un corps plus adapté à soulever des pneus qu’à fendre l’eau. L’échec est total.

Son remplaçant ? Kristian Gkolomeev, nageur grec au palmarès olympique désespérément vierge après 14 ans de carrière. En deux semaines de micro-doses, il bat son record le matin, puis celui du monde l’après-midi. Un exploit. Enfin… si on considère qu’un record non reconnu par la communauté sportive a encore une quelconque valeur.

Les Enhanced Games veulent “repousser les limites humaines”. Mais au détriment de l’humain. On sacrifie des corps, souvent en manque d’argent, sur l’autel du progrès fantasmé. On vend l’idée d’un avenir dopé à des investisseurs en quête d’immortalité, en faisant croire à un bond scientifique. Mais c’est surtout une fuite en avant.

Et pendant ce temps-là, il y a encore des gens qui s’affrontent pendant 5h30 en finale de Roland Garros, qui se battent pour une médaille à Paris sous les couleurs d’un drapeau, pas d’un laboratoire. Les Jeux Olympiques, eux, que les Enhanced Games présentent comme dépassés, ont rempli les stades, les cœurs, et les caisses (+76M€ d’excédent). Pas mal pour une relique.

Oui, le sport est imparfait. Oui, les institutions mentent parfois. Mais il reste une chose intacte : la beauté du dépassement de soi, la limite qu’on tutoie sans tricher, l’effort brut, imparfait, humain. Sans triche. Sans produit. Juste avec le corps, la sueur et une ligne d’arrivée.

Hugo

Les Stages et Alternances

🤾 Fédération Française de Handball: Partenariats et Revenus, Stage
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⚽ PSG: Coordinateur Activation Sponsoring , Stage
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🎾 FFT: Administration des Ventes, Alternance
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⚽ FC Versailles: DA Junior / Graphiste, Alternance
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Les CDI et CDD

🕹️ Team Vitality: Partnership Development, CDI
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🕹️ Sorare: Social Media Manager, CDI
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PSG: Head of Digital Product, CDI
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💊 Nutripure: Directeur des Opérations, CDI
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🎥 Les recos de la Rédac

🏁 24H du Mans
Ils sont 62 à s’élancer pour conquérir le mythique trophée des 24 Heures du Mans. Qui succédera à Ferrari ?
📺 Samedi 15h45 - Canal+

🏎️ Formule 1
Grand-Prix du Canada
Après avoir repris 10 points à Norris en Catalogne, Piastri arrivera-t-il à confirmer au Canada ?
📺 Dimanche 15h00 - Canal+

🏉 Rugby
Barrages du Top 14
Bayonne - Clermont et Toulon - Castres au programme.
📺 Ce soir et demain 21h05 - Canal +

Bonne séance !

Kopa

Par Kopa Club

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